Murder Incorporated

Murder Incorporated est une organisation de la Yiddish Connection et de la mafia italo-américaine, commandée par Louis Lepke Buchalter, chargée de l’assassinat de ses membres ayant commis une faute ou étant peu sûrs.

Invention de l’assassinat sous-traité

Lors de la création de la Commission, conseil exécutif de la mafia italo-américaine, il fut convenu d’interdire l’assassinat sans autorisation de tout policier, personnalité publique d’importance, telle que les juges, ou même d’anonymes extérieurs à la mafia, pour éviter tout grabuge qui eût pu faire naître des enquêtes poussées voire une mobilisation nationale contre le crime. En revanche, il était autorisé de se faire justice entre membres du crime organisé, à condition que la sentence, pour peu qu’elle porte à conséquence, soit avalisée par la Commission (conseil exécutif de la mafia américaine). C’est tout à la fois pour décider de façon centralisée de ce « sale boulot » et en réduire les risques que fut mis en place Murder Incorporated (baptisé ainsi par la presse), sorte de mutuelle de l’assassinat à l’aide de laquelle un chef local bénéficiait de temps à autre durant quelques jours des prestations de tueurs non repérés par la police locale car appartenant à l’équipe d’un autre chef, auquel il rendait la pareille.

Fonctionnement

Murder Incorporated fut cogérée par Bugsy Siegel, Albert Anastasia et Louis Lepke Buchalter. Recueillant les demandes et choisissant la modalité des exécutions, ils faisaient parfois appel à des tueurs « freelance », mais surtout à un groupe de jeunes gangsters juifs et italiens basés à Brownsville, un quartier de Brooklyn et payés à l’année. Les plus célèbres d’entre eux étaient Louis Capone, Harry « Happy » Maïone, Frank « Dasher » (« la flèche ») Abbadando, Vito Gurino, Mendy Weiss, Harry Strauss (dit « Pittsburgh Phil »), Martin « Bugsy » Goldstein, Albert Tannenbaüm et Abe « Kid Twist » Reles, le leader de la bande. Le surnom de ce dernier (« le gosse qui tord »), né en 1907 de parents juifs autrichiens, venait de son visage juvénile et de sa faculté à tordre le cou de ses victimes. Ce fut par lui que cette machinerie de mort fut mise au grand jour. Elle aurait causé, jusque-là, entre 300 et 700 assassinats (par revolver, corde ou pic à glace), selon les estimations, de 1933 à 1940.